5 Novembre 1944: le Général DE GAULLE remet la CROIX de la LIBÉRATION à GRENOBLE

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Frédéric Lafleur, Maire de Grenoble, brandissant la Croix de la Libération
Grenoble fut la deuxième ville après Nantes et avant Paris, puis Vassieux en Vercors et l'île de Sein à recevoir la décoration de l'Ordre de La Libération. Il n'y eut en effet que cinq cités ainsi honorées, c'est dire le caractère absolument exceptionnel de cette distinction qui oblige "ad eternam" la ville de Grenoble face à son histoire, et avec elle son premier magistrat. Frédéric Lafleur avait été désigné Maire provisoire par le Comité Français de Libération Nationale (CFLN). C'est lui, en représentant de Grenoble la Résistante, qui reçut le glorieux insigne des mains du Général de Gaulle, venu lui même le 5 Novembre 1944 alors que les combats contre la barbarie nazie se poursuivaient en Alsace et dans d'autres montagnes de France, les Vosges.

LA PLACE PASTEUR

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La place Pasteur aujourd'hui. La maison des étudiants est sur la gauche de la photo. La plaque commémorative est au pied du bâtiment central.
Le lieu choisi pour la cérémonie avait été la place Pasteur où une immense croix de Lorraine avait été érigée. Cette place avait été celle de l'état major occupant, installé dans la maison des étudiants. Elle avait aussi été le dramatique théâtre d'une manifestation le 11 Novembre 1943 à l'issue de laquelle 600 hommes avaient été arrêtés, dont 400 furent déportés parmi lesquels 120 seulement survécurent. Une plaque commémorative le rappelle. Pierre Gascon et son père figurèrent parmi les déportés. Il fut  plus tard le Premier Adjoint d'Alain Carignon alors que son père ne revint jamais des camps.

LE DISCOURS DU GÉNÉRAL DE GAULLE

Les paroles que Monsieur le Maire de Grenoble vient de prononcer au nom de toute la population de votre grande ville expriment fortement et d’une manière assez émouvante les sentiments que vous ressentez tous ; et j’ajoute que ces sentiments, ce sont les mêmes que toute la France ressent en ce moment dans la période où nous sommes.
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la Croix de la Libération personnellement remise par le Général de Gaulle (image le DL)
Grenoble aujourd’hui libérée, quels malheurs, quelles épreuves cette grande ville a traversés, non point seulement matérielles, mais morales et celles-ci, les épreuves morales, n’était-ce pas les plus dures à subir ? Grenoble a supporté tout cela, mais Grenoble à aucun moment – qui donc le sait mieux que celui qui a l’honneur de lui parler ? – à aucun moment n’a renoncé à soi-même, n’a renoncé à la liberté, à l’espérance, à la Patrie. Aussi, dès qu’elle le put, Grenoble, par ses propres moyens, est apparue libre, au grand soleil, pour se rendre elle-même à la France comme la France voulait qu’elle fût, c'est-à-dire fière et lavée de l’ennemi. C’est pour ces raisons que le Gouvernement de la République a décidé, dès la fin de l’année 1943, de décerner à la ville de Grenoble, le titre et la qualité éminente des Compagnons de la Libération. L’insigne lui sera remis tout à l’heure. Mais puisque cette glorieuse cérémonie nous rassemble tous aujourd’hui, je m’en voudrais de ne pas exprimer en deux mots quels sont les sentiments dont nous parlions tout à l’heure, qui animent aujourd’hui la France entière jusqu’à ce qu’elle soit parvenue à son but : d’abord, la France veut vaincre parce qu’il lui faut vaincre, elle veut que l’ennemi qui l’a outragée, envahie, une fois de plus mise aux portes du tombeau, soit abattu, cette fois irrémédiablement, pour qu’elle-même, la France, puisse vivre. Il faut que nos armées, nos glorieuses armées, celle qui est venue de l’Empire, et celle aussi qui a jailli spontanément du sol national, et qui n’en font qu’une, la grande, l’indivisible Armée française. Il faut que cette armée aille au-delà du Rhin, une fois de plus, dicter à l’ennemi la loi de la liberté. Mais que serait-ce si nous avions ajouté seulement une victoire militaire de plus à toutes celles dont est tissée notre Histoire, et si nous ne savions pas, à l’extérieur et à l’intérieur, en tirer le parti qu’il faut pour que cette victoire, au moins, nous serve à quelque chose ? A l’extérieur, il faudra que nous sachions en tirer les fruits et que le drame qui a failli nous submerger une fois encore ne se reproduise plus, que les sécurités de la France soient placées de telle sorte que personne ne puisse y porter atteinte, la renverser et nous viser au cœur. Il faudra aussi que soit établie dans le monde, avec de vrais amis, une solidarité assez ferme, nette et puissante, pour que l’ennemi n’y revienne pas. grenoble-croix-de-la-liberation-3A l’intérieur, c’est un immense effort qu’il va nous falloir faire tous et toutes ensemble. Qui donc ne le sent pas profondément ? C’est une France qu’il faut bâtir dans la rénovation nationale, une France nouvelle, au point de vue de ses institutions politiques, de manière à ce que le régime qui régit le pays, que ce régime ne paralyse pas lui-même, par la façon dont il joue, les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire, qui constituent les pouvoir de l’Etat. Il faut aussi, n’est-il pas vrai, que la France se renouvelle, au point de vue de la mise en valeur du grand, du riche pays que nous sommes, de l’immense empire que nous avons, et qui appelle, pour le faire renaître, les ressources profondes de la jeunesse française. C’est un renouveau économique que nous devrons faire tous et toutes ensemble, sur nos terres, notre sous-sol, enfin un renouveau social, et je ne puis le résumer autrement qu’en disant ceci : il ne faut plus, n’est-ce pas, qu’une fraction de la nation française, puisse se sentir étrangère à la nation, il faut que tous les Français, sans limitation, que tous ceux qui sont nés sur notre sol, soient intégrés à la Patrie, au même titre les uns que les autres. N’est-il pas vrai que c’est ce que nous voulons faire ? Et pour cela, nous voulons faire en sorte que tous les enfants de la France puissent vivre, lever la tête, élever leur famille, travailler dans la dignité et la sécurité humaines. Voilà ce qu’il faut que nous sachions pour faire réellement une France unie, digne de l’idéal qu’elle a toujours servi, et qu’elle veut servir encore, et capable de réaliser la grande œuvre que tout le monde attend. C’est ainsi que, fraternellement, à force d’efforts, et comme couronnement de nos sacrifices, ceux de Grenoble comme ceux de toutes nos villes et de tous nos villages de France, tous ensembles, nous remettrons la France à sa place. Vive la France !

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